Le nouvel arrêté tarifaire photovoltaïque 100-500 kWc est sorti le 6 octobre 2021. Initialement attendu pour Avril 2020, il a été maintes fois repoussé à cause de la crise sanitaire.
Cet arrêté rebat les cartes des installations photovoltaïques de moyenne puissance. Il offre de nouvelles opportunités pour les professionnels qui songeaient à se brider pour n’installer qu’une installation solaire de 100 kWc, et change la donne pour pas mal d’acteurs du secteur. Il rebat également les cartes entre l’autoconsommation solaire et la revente totale.
Butagaz vous propose donc une analyse détaillée de l’impact de ce nouvel arrêté solaire réévaluant le guichet ouvert des installations photovoltaïques à 100-500 kWc, des opportunités et des risques qu’il crée pour l'énergie solaire et vos projets. Si vous souhaitez mettre en place une installation photovoltaïque, vous pouvez faire une simulation sur notre site.
Avant tout, de quoi traite cet arrêté solaire ?
L’arrêté photovoltaïque réévaluant le guichet ouvert des installations photovoltaïques à 100-500 kWc traite des installations solaires de puissances comprises entre 100 et 500 kWc raccordées au réseau ENEDIS. Historiquement, seules le tranches 0-3, 3-9, 9-36 et 36-100 kWc étaient régulées et révisées trimestriellement notamment sur les questions de tarifs de rachat de l’électricité et des éventuelles aides. Toute installation photovoltaïque qui excédait 100 kWc et qui était raccordée au réseau ENEDIS devait faire l’objet d’une réponse à un Appel d'Offres (AO) public.
Note : chaque borne supérieure de tranche est incluse dans ladite tranche. Une installation solaire d’exactement 9,0 kWc sera donc gérée selon la tranche 3-9kWc. Il faut strictement dépasser cette puissance pour passer à la tranche supérieure.
Les AO étant parfois complexes et surtout à issue incertaine, le surcoût qu’ils généraient étaient souvent considéré comme « n’en valant pas la peine » pour une installation solaire raccordée qui excédait de peu les 100 kWc. Par conséquent, de nombreuses installations photovoltaïques étaient limitées à 100 kWc alors qu’elles auraient pu aller au-delà, ou alors n’étaient tout simplement pas raccordées (impliquant une autoconsommation totale, avec éventuel stockage ou perte de l’électricité en surplus).
Désormais, toute installation solaire raccordée jusqu’à 500 kWc inclus bénéficiera d’un cadre économique garanti, clair et connu d’avance par toutes les parties.
Quels sont les éléments clés de cette nouvelle tranche ?
Commençons par le début : cette nouvelle tranche introduit inévitablement des nouveaux tarifs de rachat. Les nouveaux tarifs ont mis du temps à sortir mais les voici pour le 1er trimestre 2023 (les valeurs mises à jours pour les installations du 01/02/2023 au 30/04/2023) :
|
0-3 kWc |
3-9 kWc |
9-36 kWc |
36-100 kWc |
100-500 kWc |
En revente totale (c€/kWh) |
23.49 |
19.96 |
14.30 |
12.43 |
12.87* |
En autoconsommation avec revente surplus (c€/kWh) |
13.13 |
7.88 |
12.87* |
||
+ Prime autoconsommation (€/kWh) |
500 |
370 |
210 |
110 |
0 |
Date |
Prix du 01/02/2023 au 30/04/2023 |
Nouvel arrêté tarifaire |
* Puis 4.0c€/kWh au-delà d’une production de 1100 kWh/kWc/an
Pour rappels :
- Ces tarifs valent « au premier panneau ». Si vous installez une centrale photovoltaïque de 150 kWc, vous bénéficiez du tarif de la tranche 100-500 kWc pour l’ensemble de votre installation photovoltaïque. Cliquez ici pour découvrir l'historique du tarif de rachat de l'électricité solaire depuis 2021 jusqu'à aujourd'hui.
- Ces tarifs sont revus tous les trimestres mais sont figés pour chaque centrale sur 20 ans une fois le dépôt de dossier ENEDIS fait, ce qui vous garantit une certaine prévisibilité.
Quelles opportunités en tirer ?
Il y a 2 points majeurs :
- Si vous envisagiez d’installer une installation solaire de 90 kWc en revente totale, il vaudrait sûrement mieux finalement envisager de poser un 110 kWc en revente totale ! Certes l’installation photovoltaïque coûtera plus cher mais votre tarif de revente de chaque kWh produit sera plus élevé et ce dès le premier kWh produit !
- Par ailleurs, si vous pouvez autoconsommer ne serait-ce qu’une infime partie de la production de votre centrale, faites-le ! (On vous explique pourquoi ici). En effet, historiquement les installations en autoconsommation ne permettaient d’avoir une bonne rentabilité que si le taux d’autoconsommation de l’installation solaire était relativement élevé, du fait d’un tarif de revente de surplus plus faible que celui de la revente totale (mais une économie plus importante pour les kWh autoconsommés). Au-delà de 100 kWc, le tarif de revente de surplus étant plus élevé et surtout égale à celui de la revente totale, il n’y a plus de contre-indications à passer à l’autoconsommation. En effet, tout kWh autoconsommé vous fera économiser davantage que si vous l’aviez vendu au réseau, et vous n’avez plus la « pénalité » du tarif dégressif de la revente du surplus qui faisait que votre installation solaire n’était intéressante qu’avec un bon taux d’autoconsommation.
Pas clair ? Vous pouvez toujours vous laisser guider et faire une simulation personnalisée sur notre simulateur gratuit qui vous dira quelle sera la meilleure installation photovoltaïque pour vous !
Quelle est cette nouvelle notion de tarif dégressif au-delà de 1100 kWh/kWc/an ?
Avant tout, il faut bien comprendre cette unité barbare de kWh/kWc/an. Il s’agit du niveau d’ensoleillement arrivant sur votre installation solaire. Cela se mesure donc en niveau de productible (en kWh) que votre installation photovoltaïque génèrera par unité de puissance (par kWc) sur une année complète (par an).
Vous pourrez trouver plus d’informations détaillées sur nos articles dédiés (efficience, unités, et éclairage par an).
Le nouvel arrêté 100-500 kWc introduit donc la notion suivante : pour une installation solaire dans la tranche 100-500 kWc, le tarif de revente (totale ou de surplus) sera dégressif au-delà d’une production injectée dans le réseau de 1100 kWh/kWc/an, et sera alors d’une valeur de 4.0c€/kWh sur le reste de l’année pour les kWh supplémentaires.
Prenons des exemples (*exemple de calcul réalisé en 2021 au moment où le tarif de revente était de 9.8c€/kWh pour la tranche 100-500 kWc):
- Exemple 1 : Si vous installez une centrale solaire de 200 kWc en revente totale de bonne qualité à Marseille, bien orienté (plein sud, incliné à 35°), votre installation produira environ 280 MWh/an (soit 1400 kWh/kWc/an). Par conséquent, 1100 / 1400 = 79 % de la production sera vendue au réseau à plein tarif de 9.8c€/kWh*. Les 300/1400 =21% restants seront eux revendu au tarif de 4.0c€. Ca reste tout de même 200 x [(1100 x 9.8) + (300 x 4.0)] = 23 960€ de revenus annuels !
- Exemple 2 : Si vous installez une centrale photovoltaïque de 200 kWc, toujours à Marseille, mais sur un toit moins bien orienté, avec une efficience de 75% (disons une installation plein Est et inclinée à 45°, cf notre article dédié sur le sujet), votre installation solaire produira 1400 * 75% = 1050 kWh/kWc/an (et donc un total de 210 MWh/an). Cette production sera donc intégralement vendue au prix fort de 9.8c€/kWh puisque qu’elle produira moins que 1100 kWh/kWc/an. Ce serait la même chose si vous construisiez une installation solaire bien orientée dans une région de France naturellement éclairée à moins de 1100 kWh/kWc/an (ex : Lille).
- Exemple 3 : Vous prenez la même installation solaire que dans le cas 1, à Marseille et bien orientée, mais vous êtes en mesure d’autoconsommer 50% de la production. Non seulement vous économisez plus que les 9.8c€/kWh sur la partie autoconsommée (bonjour les prix de l’électricité qui montent), mais surtout vous n’injectez dans le réseau que la moitié de la production. Par conséquent, aux yeux du réseau, vous n’injectez « que » 700kWh/kWc/an, donc sous la limite de 1100. Par conséquent, le surplus que vous revendez est intégralement au tarif plein !
Autoconsommez ! Notre simulateur vous aide par ailleurs à trouver les meilleures options pour vous.
Vous êtes dans une région peu ensoleillée ? Ce n’est pas grave ! Avec ce nouveau mécanisme, votre équation économique sera proche de celles des régions les plus ensoleillées
Pourquoi ce mécanisme ? La logique du gouvernement, au-delà de privilégier l’autoconsommation en locale, est :
- De fournir un coup de pouce aux régions les moins ensoleillées en France, qui bénéficieront d’un tarif plein quoi qu’il arrive
- De pouvoir aussi mettre à profit de nouvelles toitures pour l’instant jugées sous-optimales dans les régions les plus ensoleillées, du fait que les meilleures toitures auront une petite « pénalité ».
ATTENTION CEPENDANT, il existe des risques à installer une plus grande installation photovoltaïque. Butagaz fait le point pour que vous soyez pleinement informés.
Quels sont les inconvénients de ce nouvel arrêté solaire de 100 à 500 kWc ?
Installer des centrales solaires de puissance supérieure n’est pas en pratique la solution ultime dans toutes les situations. En effet, il vous faudra dans tous les cas veiller aux points suivants :
- Vérifiez l’historique de votre installateur : si ce dernier n’a jamais fait d’installations de cette puissance ou d’études appropriées, il vaudra mieux faire appel à un autre installateur
- Si vous faites une installation en toiture, vérifiez que votre toiture peut bien supporter la charge supplémentaire
- Les tarifs mentionnés seront amenés à être révisés trimestriellement. Sachez que votre tarif est « entériné » au moment où vous (ou votre installateur) déposez votre dossier de raccordement ENEDIS (avant l’installation). C’est le tarif du trimestre en cours qui fera foi. Ne tardez donc pas car les tarifs continuent d’évoluer.
- Comme vu plus haut, il n’y aura cependant pas d’aide initiale pour l’autoconsommation avec revente de surplus pour les installations de plus de 100 kWc (le « prime à l’autoconsommation » de quelques euros par kWc versée sur 5 ans reste réservée aux installations de 100 kWc et moins). Cela est cependant compensé par l’effet sur les tarifs de revente de surplus mentionné plus haut.
- Ces mécaniques réévaluant le guichet ouvert des installations photovoltaïques à 100-500 kWc sont non-cumulables avec un autre soutien public financier à la production d'électricité, provenant d'un régime d'aides local, régional, national ou de l'Union européenne
- Les installations solaires de la nouvelle tranche 100 à 500 kWc devront présenter un bilan carbone inférieur à 550 kg eq CO2/kWc
- Vérifiez que l’assurance décennale de votre installateur photovoltaïque prend en charge les puissances que vous souhaitez installer. En effet, beaucoup d’installateurs avaient pour habitude de s’arrêter aux installations de 100 kWc, et n’avaient pas d’intérêt à payer des assurances pour aller au-delà.
- Vérifiez que votre installateur a toutes les certifications nécessaires pour intervenir. Certaines installations peuvent par exemple nécessiter des accréditations « hautes tensions » qui n’étaient pas nécessaires pour eux sur les plus faibles puissances.
Dans tous les cas, vous pouvez utiliser ce simulateur ou contacter Butagaz pour tenter de connaitre l’installation idéale selon votre situation et éventuellement être mis en relation avec une société experte que nous recommanderons selon votre besoin.